C’est bien plus qu’une anecdote. Le fait que deux frère et soeur soient en lice dans le Grand Prix d’Amérique est un réel événement : tout d’abord par sa rareté mais aussi car il raconte l’essence même du sport hippique : la recherche des meilleurs croisements pour donner vie à des champions.
L’artisan principal de cette formidable aventure s’appelle Noël Lolic. Passionné de courses au trot, il s’est lancé dans l’élevage il y a bientôt quatre décennies et va vivre dimanche un moment extraordinaire. Quand des priopriétaires du monde entier rêvent d’avoir un jour un partant dans le Grand Prix d’Amérique, Noël Lolic va lui en avoir deux ! En compulsant les archives de la plus grande course du monde depuis 1979, on ne trouve trace que de trois autres cas similaires :
- édition 1995 : les frères Bonheur de Tillard et Uranium de Tillard, tous deux issus de Joie de Tillard (élevage Chaunion)
- édition 1983 : La Bourrasque et son frère Mon Tourbillon, fille et fils de Tornade IV (élevage Viel)
- éditions 1978 et 1979 : Hadol du Vivier et Fakir du Vivier par Ua Uka (élevage Lécuyer)
Ces deux derniers avaient lutté pour le podium lors de l’édition 1978 et s’étaient octroyé respectivement la 2ème et la 4ème places.
On peut parier que Noël Lolic signerait pour pareil résultat de ses deux prodiges dimanche vers 16h15. Tous deux sont donc issus de Noune du Pommereux, poulinière exceptionnelle qui a aussi donné Clif du Pommereux (plus de 500 000€ de gains) et le jeune Gimy du Pommereux, en vue à l’Hippodrome Paris-Vincennes pas plus tard que dimanche 19 janvier ! Dans un numéro de Trot Infos de début 2017, il était question des débuts de Noël Lolic dans les courses au trot :
Sa première aventure dans le milieu du trot, l’ancien commerçant bayeusain l’a vécue avec Prince de Crépon. « Ce cheval de qualité a notamment gagné en fin de carrière le Prix de l’Île d’Oléron, souligne Noël Lolic, monté par son entraîneur, Michel Lenoir. » Deux mois plus tôt, il avait acheté Tulipe du Braud aux Ventes de Yearlings Sélectionnés à Deauville. « J’aime bien l’ambiance de ces vacations, et puis, selon moi, ce n’est pas dans un réclamer que l’on peut trouver un très bon cheval », indique-t-il. Sous la férule de Denis Warin, la pouliche s’impose à trois reprises, dont une fois à Vincennes.
« Mais cette fille de Valmont s’est blessée et a dû quitter la compétition prématurément, raconte le propriétaire. Aussi, j’ai essayé de la vendre mais je n’ai pas trouvé preneur. Alors que je n’avais pas vocation à être éleveur, je le suis devenu par accident (sic). Avec le temps, je n’ai pas eu à le regretter. Sa première fille, Dolly, issue de Podosis, a bien tracé. D’entrée, elle m’a donné l’excellent Jim du Pommereux (N.D.L.R. un fils de… Prince de Crépon), puis Noune du Pommereux, laquelle, après avoir effectué une belle carrière, s’avère une remarquable poulinière
Les faits lui donnèrent déjà raison durant l’hiver 2017, mais ce qui allait se produire par la suite encore plus ! Un an et quelques semaines plus tard, Enino du Pommereux allait en effet remporter dans un temps-canon le Critérium des 4 Ans. En septembre de la même année 2018, Délia du Pommereux allait conclure excellente deuxième du Critérium des 5 Ans de Davidson du Pont.
Propulsés tout en haut de leurs hiérarchies respectives, la frangine et le frangin ont réussi cet hiver à décrocher leur billet pour le Grand Prix d’Amérique dans des conditions différentes. L’aînée a validé sa place dès la deuxième épreuve qualificative, le Grand Prix du Bourbonnais qu’elle a gagné, surlignant ainsi son positionnement dans l’élite, alors qu’Enino a dû attendre le Grand Prix de Belgique pour avoir son ticket, n’étant devancé que par Belina Josselyn, la lauréate du Grand Prix d’Amérique 2019 en personne. Tous les espoirs sont donc permis pour Noël Lolic et sa team emmenée par Sylvain Roger, l’entraîneur des deux champions. Grand frisson garanti !