Le Grand Prix d’Amérique vu d’ailleurs

Le Grand Prix d’Amérique vu d’ailleurs

Actualités

23 janvier 2018

Quel regard portent les autres pays sur le Grand Prix d’Amérique ? Comment considère-t-on l’évènement majeur du Trot dans les pays concernés par les trotteurs ? Nous avons interrogé le Top driver américano-canadien Yannick Gingras, l’entraîneur/driver italien Marco Smorgon, le driver néerlandais Robin Bakker et l’entraîneur suédois Stefan Hultman afin de mieux appréhender l’impact dans les autres pays de ce que l’on appelle volontiers en France le Championnat du Monde des Trotteurs.

Yannick Gingras :
Dans le Prix d’Amérique 2015, Yannick Gingras drivait Maven, la jument de Jimmy Takter dont il est l’un des pilotes attitrés aux USA, lors de l’une de ses 4 seules apparitions françaises. Crack-driver des épreuves nord-américaines, quadruple vainqueur consécutivement de l’Hambletonian Oaks (l’Hambletonian des pouliches) et de bon nombre d’autres courses prestigieuses telles que le Kentucky Futurity ainsi que de nombreuses Breeders Crown, il approche des 7.000 victoires sur le continent américain.
«Pour les américains, il y a 3 grandes courses au trot dans le monde : sans ordre de préférence, l’Elitloppet, l’Hambletonian et le Grand Prix d’Amérique. On les met sur le même pied en termes d’importance. Si les deux premiers se courent sur le mile, le Grand Prix d’Amérique avec sa longue distance est surtout fait pour les chevaux européens, les américains ne sont pas habitués aux longs parcours avec des dénivelés différents. Un cheval comme Bold Eagle, qui ressemble physiquement beaucoup à un américain, est pourtant aguerri à ce genre de courses. Aux Etats-Unis, on a énormément de respect pour le Prix d’Amérique qui est probablement, des trois, la plus difficile à gagner, même si dire qu’il s’agit du Championnat du Monde nous paraît un peu exagéré. Cela reste un événement majeur pour nous, on va la regarder sur le câble, même avec le décalage horaire matinal. Et après, on en parlera certainement entre nous sur les hippodromes où on courra l’après-midi.»

Marco Smorgon :
Marco Smorgon se partage depuis longtemps entre la France et son pays natal l’Italie. Entraîneur/driver de nombreux champions qui se sont illustrés en France (Oropuro Bar, Zinzan Brooke Tur ou Romanesque pour ne citer qu’eux), il totalise 53 victoires principalement en région parisienne.
« Pour nous Italiens, c’est vraiment la course la plus importante du monde. Et d’ailleurs, on en a une belle visibilité chez nous car elle est toujours retransmise à la télé. Le Grand Prix d’Amérique, ce n’est pas tant l’allocation qui, finalement, n’est pas beaucoup plus importante que le Derby Italien, c’est qu’il s’agit de la sélection des meilleurs trotteurs du monde. C’est le charme de Vincennes, avec son tracé si particulier où on peut voir des cracks-drivers perdre des courses parce qu’ils sont embarqués à l’extérieur. De toutes façons, le Grand Prix d’Amérique, c’est une course et une journée magiques. »

Robin Bakker :
Très assidu des courses françaises, notamment en drivant les chevaux entraînés par son compatriote Paul Hagoort, Robin Bakker a remporté le Grand Prix de l’UET 2014 à Mauquenchy avec Robert Bi et compte 45 victoires à ce jour sur notre sol.
« C’est la plus grande course du monde, elle est très attendue aux Pays-Bas. Personnellement, je me déplace avec un car et j’emmène beaucoup d’amis qui attendent cette journée avec impatience. En Hollande, beaucoup de gens organisent un voyage spécial pour s’y rendre. 7 heures de route, mais un week-end très excitant. C’est un peu comme l’Elitloppet mais le Grand Prix d’Amérique, en termes de sport, c’est encore autre chose. Nous avons la chance de capter Equidia chez nous, et ceux qui ne pourront pas y aller vont la regarder à la télé ou sur leurs ordis. Et puis cette année, ils sont 6 ou 7 à pouvoir gagner, ce qui rend la course encore plus intéressante. »

Stefan Hultman :
Stefan Hultman fait partie des top-entraîneurs suédois du XXIème siècle, et était le mentor de Naglo et de Maharajah, tous deux venus s’imposer dans les plus grandes épreuves françaises. Titulaire de 34 victoires de Groupe I dont les Prix d’Amérique, de France (2 fois) et de Paris, sans oublier 2 GP de l’UET et 1 Elitloppet, ses pensionnaires ses sont imposés en France à 42 reprises.
« Vincennes, c’est la Mecque du Trot, même pour les Suédois. C’est la plus grande course au monde, même si notre Elitloppet est aussi très prisée. Le Grand Prix d’Amérique c’est la course que tout le monde rêve de gagner, la course la plus dure pour laquelle il faut avoir un cheval en acier. En Scandinavie, tout le monde attend le jour J, les médias en parlent beaucoup, il s’agit vraiment d’un événement majeur. Peut-être encore un peu plus cette année car nous avons deux candidats possibles à la victoire avec Propulsion et Readly Express. Mais de toutes façons, les gens aiment le Grand Prix d’Amérique et ceux qui ne pourront pas se rendre à Paris regarderont la course en direct à la télévision. »