anthony barrier

La P’tite Interview : Anthony Barrier

Portrait

22 février 2023

Laurét du Prix de Paris Marathon Race en 2021 avec Etonnant, Anthony Barrier est le nouvel invité de « La P’tite Interview ». Originaire du Maine et Loire, « Moustik », comme il est souvent appelé, a vécu des grands moments en 2022 avec notamment un succès dans l’Elitloppet, encore associé à Etonnant. Il totalise 1488 victoires dans sa carrière (au 22 février) en France, dont quatre Groupes I. Focus sur sa carrière de driver – jockey.

Pourquoi es-tu devenu driver-jockey ?
Mes parents travaillaient dans un bar donc je n’ai pas du tout de famille dans les courses. Mon rêve était de jouer au football mais c’était difficile pour moi de stopper les grands joueurs par la taille (rires). Mes parents m’emmenaient aux courses mais je n’étais pas un accro. À l’école, j’étais plutôt le premier sorti de la classe (rires). Ensuite je suis entré en apprentissage à Pouancé dès l’âge de 14 ans.

 

Ta première victoire ?
Le 1er mai 2003 avec Jarret de Bouere pour l’entraînement de Sébastien Poilane à Tours. C’était un cheval gentil qui avait du métier. J’avais pu pister ce jour-là et nous nous étions baladés dans la ligne droite. Mes deux premières victoires étaient à Tours.

 

Ta première victoire à Paris-Vincennes ?
Klassique d’Oudon le 10 mai 2005 pour l’entraînement de Stéphane Guelpa, sous la selle. Je me rappelle avoir monté long ce jour-là et j’ai battu deux garçons qui montaient court : Jonathan Asselie et Julien Raffestin. C’était assez marrant de voir cela. Au poteau, c’était un grand moment. Je me souviens d’avoir été sur le plateau d’Equidia à l’époque entre deux courses après cette victoire. J’étais intimidé, tu n’as pas l’habitude de ce genre de chose.

 

Que représente Paris-Vincennes pour toi ?
Tout est parfaitement fait. La piste est nickel, c’est agréable d’avoir des conditions pareilles. En qualité de sol et en infrastructure, je pense que l’on a l’un des plus beaux hippodromes du monde. Pour avoir fait quelques endroits en Europe et aux Etats-Unis, je pense que Vincennes est l’un des meilleurs. Nous sommes vraiment chanceux.

 

Quel cheval t’a marqué lors du meeting d’hiver ?
Scipion du Goutier et Jag de Bellouet. J’ai toujours été un grand fan de « Jag ». Attelé et monté, c’était un vrai dur, une terreur. Scipion du Goutier aurait mérité une encore plus belle carrière aussi sans ses soucis. C’est le plus gros moteur que j’aie connu. Je m’en occupais quand je travaillais chez Franck Leblanc. Il fallait trois chevaux différents pour travailler en trois fois avec lui (rires). Il était fantastique.

 

L’hippodrome sur lequel tu adores aller ?
Vincennes évidemment. Sinon en Province, j’adore l’été Pornichet et Laval. Il y a une belle ambiance et on s’y sent bien.

 

Ton meilleur pote dans les courses hippiques ?
C’est un journaliste d’Equidia qui se nomme Jean-Philippe Cherruau. On s’est rencontré au collège quand je suis arrivé à Château-Gonthier. Il est entré en stage pour Equidia et moi jockey donc on ne s’est jamais quittés par la suite. C’est une belle histoire.

 

Devenir entraîneur, c’est un souhait ?
Pas du tout ! Le jour où je sens que cela ne va plus, j’arrête les courses. Il est trop tard pour s’installer pour moi et aujourd’hui c’est difficile de concilier driver et les entraînements.

 

Que peux-tu nous dire à propos d’Etonnant ?
C’est une force de la nature. Il ne se rend pas compte parfois de la force qu’il a, il peut donc paraître brutal. Il a un moteur hors du commun et une puissance incroyable.

 

Ton meilleur souvenir avec Etonnant ?
Sans contestation l’Elitloppet 2022 ! Le Prix de Paris Marathon Race était différent car c’était à huis clos donc sportivement c’est très fort mais c’est encore plus beau avec le public.

 

Revenons quelques mois après sur ta victoire dans l’Elitloppet. À froid, qu’est-ce qu’on se dit lorsque l’on gagne ce Groupe I si particulier à Solvalla, en Suède ?
C’était un petit stade de foot en ébullition lors de ce week-end. J’étais parti avec mes amis et ma femme. Le dernier tour, je suis passé par toutes les émotions. Au moment où Etonnant fait la faute, je me dis « merde, je suis foutu ». Ensuite, le cheval se relance et un adversaire sort devant moi, se montrant fautif dans le tournant final, donc je suis encore gêné. À l’entrée de la ligne droite, il m’a sauté dans les mains, faisant presque la faute. Quand je les ai doublés et que je gagne, dès le passage du poteau, tu te dis « il vient de m’arriver un truc de fou ». Tu as les larmes qui montent, je pleurais dans le virage. Je n’avais pleurer que lors du Kymi Grand Prix avec Ce Bello Romain en Finlande pour Sylvain Dupont et Olga du Biwetz dans le Prix de Cornulier.

 

Roi du Lupin t’a également fait énormément plaisir. Est-ce qu’il y a des similitudes entre ces deux champions ?
Non pas du tout. Roi du Lupin était un petit cheval, trapu qui répétait toutes ses courses. « Roi » était un gentil doudou. Dans la manière de trotter et dans le tempérament, ils sont totalement différents.

 

Tu as longtemps collaboré avec Jean-Paul Marmion. Que représente-t-il dans ta carrière ?
Il a été l’un des hommes qui m’a propulsé sur le devant de la scène et je l’en remercie. J’ai eu Roi du LupinTalicia BellaTriode de Felliere et bien d’autres chevaux de grands talents. Roi du Lupin a eu une longévité dans sa carrière qui force le respect, dans les deux disciplines. Il m’a véritablement lancé à l’attelé.

 

Que peut-on te souhaiter pour 2023 ?
De continuer ainsi ! Je veux qu’Etonnant retrouve la pêche et qu’il poursuive ce qu’il sait si bien faire. Il faut conserver la confiance des entraîneurs. Je préfère gagner 100-120 courses et des grandes épreuves que 200 par an.